Biographies des héros spirituels de la terre de Géorgie, moniales, moines, ascètes, martyrs, clercs ou laïcs qui ont fait briller sur elle la Lumière du Christ!

samedi 10 juillet 2021

Saint Hiéromartyr Kirion II, Patriarche-Catholicos de toute la Géorgie († 1918)

Holy Hieromartyr Kirion II

Mémoire le 27 juin/ 10 juillet


Le saint Hiéromartyr Kirion II (connu dans le monde comme Georges [Giorgi] Sadzaglischvili) est né en 1855 dans le village de Nikozi dans le district de Gori. Son père était prêtre.

Il s'est inscrit à l'école paroissiale à Ananuri, puis à l'école de théologie de Gori, et finalement au séminaire de Tbilissi.

En 1880, il fut diplômé de l'Académie théologique de Kiev et  nommé vice-doyen du Séminaire théologique d'Odessa. De 1883 à 1886 saint Kirion fut actif dans la vie éducative de Gori, Telavi, Kutaisi et Tbilissi. En 1886, il fut nommé superviseur des monastères géorgiens et doyen pour les écoles de la Société pour le renouveau de la chrétienté dans le Caucase. Il dirigea les écoles paroissiales, établit des bibliothèques et des collections de livres rares en leur sein, et publia des articles sur l'histoire de l'Eglise, le folklore et la littérature géorgiens sous les pseudonymes d'Ivériéli, de Sadzagélov et Liakhvéli (la rivière Liakhvi traverse sa région natale de Shida en Kartli [Intérieure], la partie centrale de Géorgie orientale).

En 1886, Dieu choisit Georges, il fut tonsuré moine sous le nom de Kirion, et il fut intronisé comme higoumène du monastère de Kvabtakhévi. Kirion poursuivit ses activités savantes et intensifia ses travaux spirituels. Il recueillit le folklore et les matériaux ethnographiques et étudia les artefacts des anciennes églises géorgiennes. Il fit  généreusement don des reliquaires et des manuscrits rares, qu'il trouvait aux collections d'antiquités du Musée de l'Église de Tbilissi et à la Société pour la propagation de l'alphabétisation chez les Géorgiens.

En 1898 Kirion publia une description des monuments historiques de la Gorge de Liakhvi. Sa publication est une ressource importante pour les chercheurs et les historiens, puisque la plupart des monuments qu'il décrit ont été renversés par des ennemis idéologiques et nationaux de Géorgie dans les années subséquentes. (Kirion plus tard rejoignit la Société archéologique de Moscou.) En Août 1898, l'archimandrite Kirion fut consacré évêque d'Alaverdi.

Saint Kirion commença aussitôt à reconstruire l'église d'Alaverdi, et il offrit ses propres ressources pour cette tâche capitale. Dans le même temps, il commença à étudier les objets anciens de Kakhétie et d'Hereti dans l'est de la Géorgie. Parmi les manuscrits, qu'il donna au Musée de l'église de Tbilissi était un saint Évangile de l'année 1098, inconnu des chercheurs jusques à ce moment.

L'évêque Kirion était un chercheur infatigable, avec un large éventail d'intérêts scientifiques. A sa plume appartiennent plus de quarante monographies sur divers thèmes relatifs à l'histoire de l'Eglise géorgienne et à la culture chrétienne en Géorgie. Il compila un court dictionnaire terminologique de la langue géorgienne antique et, avec le linguiste Grigol Qipshidzé, une histoire de la philologie géorgienne.

Kirion combattit l'appropriation des églises géorgiennes par les monophysites arméniens. Il envoya une note détaillée à l'exarque russe en Géorgie exigeant que les églises orthodoxes confisquées soient restituées.

En 1901 Kirion fut installé comme évêque de Gori. En ce moment, il était devenu clair pour l'exarchat géorgien que les prêtres instruits et progressistes aprouvaient le saint hiérarque Kirion et contestaient l'abolition de l'autocéphalie de l'Eglise géorgienne. Mais le gouvernement trouvé un moyen de sortir de cette "situation dangereuse" par la réaffectation fréquente de saint Kirion à servir dans différentes parties de l'Empire russe: en 1903, il fut réaffecté à Cherson, en 1904 à Orel, et en 1906 à Soukhoumi. A Soukhuumi, saint Kirion exerça tous ses efforts pour restaurer et faire revivre les églises et les monastères géorgiens historiques, mais il allait bientôt être réaffecté au diocèse de Kovno.

En 1905, à la demande de l'intelligentsia de Géorgie (sous la direction de saint Elie (Ilia) le Juste), le régime forma une commission extraordinaire pour examiner officiellement la question de l'autocéphalie de l'Eglise géorgienne. St. Kirion donna deux conférences à la Commission: l'une sur les raisons de la lutte de la Géorgie pour la restauration d'une Eglise autocéphale, et l'autre sur le rôle de la nationalité dans la vie de l'Église. La Commission rejeta les revendications géorgiennes pour l'autocéphalie et soumit les dirigeants du mouvement à une répression sévère.

En 1907, saint Elie le Juste fut tué, et le gouvernement interdit à saint Kirion de voyager en Géorgie pour lui rendre les derniers honneurs. Saint Kirion réussit uniquement à envoyer une lettre de condoléances aux proches de saint Elie. Dans les mois qui suivirent, le régime resserra encore plus sévèrement sa pression sur saint Kirion. En 1908, il fut accusé d'avoir conspiré dans l'assassinat de l'exarque Nikon, privé du rang d'évêque, et arrêté. Cet acte perfide réveilla l'indignation non seulement du peuple géorgien, mais des fidèles de Russie. Même les forces démocratiques en Europe fondèrent une société pour la protection des droits de l'évêque Kirion et recueillirent des signatures pour exiger sa libération de prison. L'évêque lui-même porta humblement la croix de sa persécution et consola ses sympathisants avec les mots du  grand poète géorgien Chota Rustavéli: "Pas une seule rose n'est cueillie dans ce monde sans épines." Nous devons supporter notre souffrance avec amour, car la souffrance est le fruit de l'amour et dans la souffrance, nous trouverons notre force! "

En l'an 1915, le régime avait cessé de persécuter saint Kirion. Il lui rendirent  l'évêché et l'élevèrent au rang d'archevêque de Polotsk et Vitebsk en Russie occidentale. Toutefois il ne fut pas autorisé à retourner dans sa patrie.

En Mars 1917, l'Eglise orthodoxe apostolique géorgienne déclara son autocéphalie restaurée. A la demande incessante du peuple géorgien, saint Kirion retourna finalement dans sa patrie. Cent vingt cavaliers vinrent l'accueillir dans la Gorge d'Aragvi (le long de la route militaire géorgienne) et l'escortèrent respectueusement vers la capitale. A Tbilissi saint Kirion fut accueilli avec grand honneur.

En Septembre 1917, le Saint Synode de l'Eglise orthodoxe géorgienne intronisa l'évêque Kirion comme Catholicos-Patriarche de toute la Géorgie. Lors de la cérémonie d'intronisation à la cathédrale de Svétitskhovéli, saint Kirion s'adressa aux fidèles: "Ma bien-aimée patrie, nation protégée par la Très Sainte Génitrice de Dieu, purifiée dans la fournaise de tribulations et de souffrances, lavée dans ses propres larmes: je me tourne vers toi, ayant été séparé de toi, après t'avoir cherché, ayant eu de la peine pour toi, après t'avoir cherchée et maintenant je suis revenu, non pas comme un fils prodigue, mais comme ton confident et la conscience de ton Église.

"Je sais que dans votre esprit vous vous demandez tous, '"qu'a-t-il ramené avec lui? Avec quel onguent va-t-il guérir ses blessures? Comment pourrait-il  se consoler dans sa tristesse? Considérez mes paroles: Il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (Matthieu 20,28). Moi, de même, je ne suis pas venu en tant que mercenaire, mais comme un fils fidèle et obéissant! "

Peu après, qu'il ait été intronisé, saint Kirion adressa un appel à tous les patriarches orthodoxes du monde dans lequel il décrivait en détail l'histoire de l'Eglise géorgienne et demandait une reconnaissance officielle de son autocéphalie.

Le 26 mai 1918, la Géorgie déclara son indépendance. Le lendemain, le Catholicos-Patriarche Kirion II présida pendant un service d'action de grâces. Le Pasteur en chef  et son troupeau se réjouissaient de la restauration de l'autocéphalie de l'Église géorgienne et de l'indépendance de l'Etat géorgien, mais dès le début ils percevaient l'imminence du danger bolchevique. La révolution socialiste, montrant maintenant son vrai visage, posait une grave menace à la jeune république et à son Église.

Le 27 Juin 1918, le Catholicos-Patriarche Kirion II fut retrouvée assassiné dans la résidence patriarcale au monastère de Martqopi. L'enquête fut une simple formalité et les coupables ne furent jamais retrouvés. Des rumeurs furent même répandues selon lesquelles saint Kirion s'était suicidé.

Lorsque le Saint-Synode de l'Eglise orthodoxe apostolique géorgienne fut convoqué le 17 octobre 2002, il canonisa le saint hiéromartyr Kirion et lecompté parmi les saints.

Que tes calomniateurs soient couverts de honte, car la nation t'avait choisi pour être son guide sur le chemin nouvellement tracéé. Ô toi qui as souffert de la trahison de l'ennemi et qui brilles pour l'éternité, saint hiérarque Kirion, prie Dieu pour le salut de nos âmes!


Version française de Claude Lopez-Ginisty 
d'après Archpriest Zakaria Machitadze 
Lives of the Georgian Saints  
Saint Herman of Alaska Brotherhood
Platina, California, USA/2006
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