Biographies des héros spirituels de la terre de Géorgie, moniales, moines, ascètes, martyrs, clercs ou laïcs qui ont fait briller sur elle la Lumière du Christ!

mardi 21 septembre 2021

Saints confesseurs Jean ( Ioane Maisouradzé) et Georges-Jean ( Giorgi-Ioane Mkheidzé) (1957 & 1960)


Saint Jean et saint Georges-Jean
Commémorés le 8/21 septembre

L'archimandrite Jean (Basile Maisuradzé dans le monde) est né dans la ville de Tskhinvali dans Le district de Samachablo vers 1882. Il a grandi dans une famille de paysans et a appris à effectuer toutes sortes de travaux manuels. Basile était à peine dans l'adolescence quand il aida Père Spiridon (Ketiladzé), prêtre principal au monastère de Béthania, à restaurer le monastère entre 1894 et 1896.

De son jeune âge,  Basile était impatient d'entrer dans la vie monastique, et en 1903, selon la volonté de Dieu, il déménagea à la skite de Saint-Jean le Théologien au Monastère d'Iveron sur le Mont Athos. Parmi les frères, il se distinguait par sa simplicité et son obéissance. Il fut tonsuré moine et nommé en l'honneur de Saint Jean le Théologien, qu'il vénérait profondément et qu'il cherchait à imiter. Le moine  Jean fut bientôt ordonné prêtre. Tout au long de sa vie, lepère saint se consacra au service de Dieu et de ses frères en Christ, dans l'espoir que sa propre vie pourrait être fructueuse pour eux.

Père Jean est resté sur le Mont Athos pendant dix-sept ans. Puis, en raison des circonstances de plus en plus troublées en ce lieu, il quitta la Sainte Montagne avec les autres moines géorgiens entre 1920 et 1921. Il s'installa au monastère d'Armazi en dehors de Mtskheta, où les bolcheviks avaient laissé un seul moine œuvrant dans la solitude.

Un jour une bande de tchékistes armés ont fait irruption dans le monastère, en sortant à la fois Père Jean et l'autre moine, et leur ont tiré dans le dos.

Croyant qu'ils étaient morts, ils les jetèrent dans une gorge voisine. Un groupe de personnes découvrit plus tard le corps de Père Jean presque inanimé et l'amena au Monastère Samtavro à Mtskheta. L'autre moine ne subit que des blessures mineures et retourna au monastère de son propre chef.

Lorsque son état de santé fut rétabli, le père Jean est allé au monastère de Béthanie, où son premier père spirituel œuvrait toujours. Il fut nommé higoumène peu de temps après. Habitué à travailler dur dès son enfance, il géra habilement les travaux agricoles du monastère. Lorsque les visiteurs venaient au monastère obtenir des conseils ou du réconfort, le père Jean les accueillait chaleureusement, mettant un repas de fête devant eux. Il aimait passer du temps avec ses invités, surtout avec les enfants.

On dit qu'il avait toujours des bonbons ou quelque régal à donner aux tout-petits. Les enfants l'aimaient tellement qu'à la fête de Saint Jean le Théologien, alors qu'il aspergeait l'église d'eau bénite, ils sautaient autour de lui et essayaient d'ébouriffer ses cheveux. Les parents des enfants avaient honte, mais  Père Jean leur assurait joyeusement qu'il était normal d'être si joyeux en un jour de fête.

Vraiment Père Jean était doté d'un amour profond pour les jeunes, et il était également béni du don divin de prophétie et de miracles. Un jour un certain Irakli Ghoudoushauri, étudiant au Séminaire Théologique de Moscou, lui rendit visite au monastère. Père Jean le reçut avec une chaleur exceptionnelle, en le bénissant avec des larmes de joie.

Cet étudiant deviendra plus tard le Catholicos-Patriarche Ilia II, le berger bien-aimé qui continue à mener le troupeau des fidèles géorgiens jusques à ce jour.

Fr. Ioane se disciplinait sévèrement. Il travaillait dur toute la journée et dormait sur une seul morceau de bois. Il passait des nuits entières à prier. Beaucoup se demandaient quand il se reposait et où il avait acquis une telle réserve d'énergie en apparence infinie.

Parfois des voleurs volaient de la nourriture ou des animaux domestiques du monastère. Mais le monastère avait également eu de nombreux protecteurs, même au sein du gouvernement soviétique. Un groupe de chrétiens qui travaillaient pour le gouvernement, tandis qu'ils pratiquaient secrètement leur foi soutenaient  Père Jean et Père Georges (Mkheidze), en expliquant leurs fonctions et en les justifiant auprès du gouvernement en tant que "gardiens d'un monument culturel national."

Beaucoup de miracles accomplis par Père Jean nous sont connus aujourd'hui, mais il se gardait de recevoir l'honneur de ses actes. Les pères Jean et Georges guérissaient les sourds, et un grand nombre de malades en phase terminale leur étaient amenés pour être guéris. Après avoir passé plusieurs jours dans le monastère, les infirmes étaient miraculeusement purifiés de leurs maladies.



Eglise du Monastère de Batania


Père Jean portait la plus lourde charge de travail dans le monastère. Il sympathisait profondément avec Père Georges, qui était malade physiquement et inapte au travail ardu. Mais Père Jean quitta cette vie avant Père Gorges. Père  Jean tomba malade et reposa en 1957, à l'âge de soixante-cinq ans. Il fut enterré au monastère de Betania.

Père Georges (Mkheidze) est né dans le village de Skhvava dans la région de Racha vers 1877. Il  reçut une éducation militaire, chose très appréciée au sein de l'aristocratie de Géorgie, mais au lieu de poursuivre une carrière militaire pour la défense de l'empire russe, il se consacra au mouvement de libération nationale de la Géorgie.

À un certain moment le pieux et savant Georges travailla pour saint Ilia le Juste comme secrétaire personnel. Il rencontra souvent le père spirituel de saint Ilia, le saint hiérarque Alexandre (Okropiridzé), et le saint hiéromartyr Nazar (Lejava), et il fit également connaissance avec d'autres dirigeants spirituels de l'époque.

Désireux de sacrifier sa vie à Dieu, Giorgi fut tonsuré dans le monachisme par le saint hiéromartyr Nazaire (Nazar). Son caractère rare combinait une conduite de noble avec l'humble ascétisme d'un moine. Père Georges fut ordonné prêtre et, peu après élevé au rang d'archimandrite. Rempli de l'amour divin et de sentiment patriotique, et père saint supporta volontiers les lourdes charges et les tribulations spirituelles qui affligeaient son pays à cette époque.

En 1924, tandis que Père Georges œuvrait au monastère de Khirsa en Kakhétie, en Géorgie orientale, une foule tchékiste armée fit irruption dans le monastère. Les auteurs de ce méfait  le battirent, lui coupèrent les cheveux, rasèrent sa barbe, et menacèrent de prendre sa vie. Il se réfugia dans sa famille, mais en vain, ses frères, qui étaient athées, rasèrent sa barbe alors qu'il dormait. (Un des frères de Père Georges se suicida par la suite, et l'autre, avec son épouse, fut abattu par les tchékistes.) Dans la même année, Père Georges visita le Monastère de Betania et fut introduit auprès du Père Jean (Maisuradzé), avec qui il œuvra pour le reste de sa vie.

La santé de Père Georges était pauvre, et il était en mesure d'effectuer seulement le plus légères des tâches autour du monastère. Il s'occupait du potager et avait pris la responsabilité d'élever les abeilles. Il était extrêmement généreux. Par moments, il donnait toute la nourriture du monastère aux nécessiteux, assurant Père Jean que Dieu Lui-même fournirait leur pain quotidien.

Grand, mince, et avec une posture droite, Père. Georges était sévère en apparence et dans son comportement. Il parlait très peu avec d'autres personnes, et les enfants ne jouaient pas avec lui comme ils l'avaient fait avec Père Jean. Connaissant son caractère, ils essayaient de lui plaire en récitant des prières et en se comportant bien. Père Georges n'aimait pas quitter le monastère, mais il était souvent nécessaire pour lui de se rendre à Tbilissi pour visiter ses enfants spirituels -parmi lesquels se trouvaient de nombreux chrétiens cachés qui travaillaient pour le gouvernement.

Père Georges était doté des dons de prophétie et de guérison, mais il prenait soin de les cacher. Lorsqu'il était contraint de les révéler, il faisait croire qu'ils n'étaient rien d'extraordinaire. Un jour un certain pèlerin arriva au monastère et fut surpris de découvrir que Père Georges le connaissait de nom. Sentant son grand étonnement, Père Georges dit au pèlerin qu'il avait assisté à son baptême quelques trente ans plus tôt, dissimulant ainsi son don de Dieu. Père Georges sut à l'avance quand son neveu amenait ses sœurs, qu'il n'avait pas vues en quarante-huit ans, pour lui rendre visite au monastère durant le Grand Carême. Éclairé par cette prescience, Père Georges prépara du poisson et un repas de fête en l'honneur de cette occasion.

Les prières de l'higoumène Georges et du Père Jean guérirent le neveu de ce dernier, qui avait été touché par une souche mortelle de méningite. Ils restaurèrent l'ouïe d'un enfant sourd et guérirent beaucoup d'autres gens de leurs infirmités corporelles.

En 1957, quand Père Jean reposa dans le Seigneur, Père Georges fut tonsuré dans le grand schème. On lui donna le nom de Jean en l'honneur de son frère spirituel nouvellement décédé. Père Georges-Jean portait maintenant l'entière responsabilité des affaires du monastère. Son état de santé se détériora encore sous le poids de ce joug pesant. Ses enfants spirituels commencèrent à venir de la ville pour s'occuper de lui. Un jour une jeune fille de vingt ans, arriva au monastère, se plaignant de maux de tête incessants. On lui avait dit que l'eau du monastère de Betania la guérirait. Elle y resta pendant une semaine et fut miraculeusement guérie. Quand elle partit pour retourner à la maison, Père Georges-Jean, en dépit de sa fragilité physique, marcha pendant sept kilomètres pour la voir.

Tombes des deux saints

La Mère de Dieu apparut au père Georges-Jean dans une vision et soulagea sa terrible douleur physique. La protomartyre Thècle lui apparut aussi, lui présentant une grappe de raisin. Quelques jours avant son repos, le père saint était en ville, quand un ange lui apparut et lui annonça son natalice imminent. L'ange lui dit de retourner au monastère pour se préparer à son départ de ce monde.

Saint-Georges-Jean (Mkheidzé) naquit au Ciel en 1960. Il fut enterré au Monastère de Betania, à côté de Püre Jean (Maisuradzé). Ces vénérables pères ont été canonisés le 18 Septembre 2003, lors d'un concile du Saint-Synode, sous la direction spirituelle de Sa Sainteté Ilia II, Catholicos-Patriarche de toute la Géorgie. Les pères Jean et Georges-Jean ont été considérés avec affection comme "une seule âme dans deux corps."

Vous êtes apparus faisant du désert votre demeure, anges dans la chair et thaumaturges. Par les jeûnes, les veilles et les prières vous avez reçu des dons célestes. C'est pourquoi vous avez guéri les malades et les âmes de ceux qui accouraient vers vous. Ô Pères théophores Jean et Georges-Jean, suppliez le Christ-Dieu d'avoir pitié de nos âmes!


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lives of the Georgian Saints
de
l'Archiprêtre Zakaria Machitadze
in

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