Biographies des héros spirituels de la terre de Géorgie, moniales, moines, ascètes, martyrs, clercs ou laïcs qui ont fait briller sur elle la Lumière du Christ!

vendredi 1 octobre 2021

Saints martyrs BIDZINA, SHALVA, ET ELIZBAR († 1661)



Mémoire le 18 Septembre/1 Octobre)

Au 17ème siècle, les agresseurs persans rasèrent les églises, les monastères et les forteresses et chassèrent des milliers de familles géorgiennes pour les réinstaller dans des provinces éloignées de la Perse. Les territoires désertés furent gouvernées par des tribus turques d'Asie centrale. Dans la chronique de la vie de Kartli il est écrit: " Il n'était pas été autorisé de prononcer le Nom de Jésus-Christ, sauf dans une poignée de régions montagneuses: Tusheti, Pshavi et Khevsureti."

Mais le Seigneur Tout-Miséricordieux suscita un fort désir chez le vaillant prince Bidzina Choloqashvili de Kakhétie et, avec Shalva et son oncle Elizbar, princes des provinces d'Aragvi et de Ksani, il mena une lutte pour la libération de  la Kakhétie des Tatars[1]. Craignant que l'ennemi, qui avait déjà conquis la Kakhétie, bientôt ne pénètre et ne domine également Kartli, les princes Bidzina, Shalva, et Elizbar unirent les forces de ces deux régions en vue de l'attaque.

Après de longues délibérations, Bidzina annonça son intention à son beau-père, le prince Zaal d'Aragvi. L'âme de Zaal était spirituellement peinée par les malheurs innombrables et les injustices que son pays avait souffert, et il a apporta rapidement son soutien à l'effort commun. Il accepta de participer à l'insurrection de manière anonyme, tandis que les dirigeants de Ksani, Shalva et Elizbar commanderaient les armées.

Dans la nuit sans lune du 15 Septembre 1659, fête de l'Église d'Alaverdi, [2] l'armée unie de toute la Géorgie orientale s'assembla et traversa les montagnes, après le village d'Akhmeta, et lança une attaque surprise contre les Perses depuis la Forteresse de Bakhtrioni et l'église d'Alaverdi. Les armées de l'envahisseur étaient tellement atterrées que leur chef, Salim Khan, gouverneur perse de Kakhétie, réussit à peine à échapper aux vengeurs, après avoir abandonné sa famille et  son armée.

L'armée géorgienne victorieuse offrit des prières d'action de grâce au Seigneur Dieu et au mégalomartyr Georges, protecteur du peuple géorgien, qui était apparu visiblement à tous au cours de la bataille, sur son cheval blanc, comme un éclair, et conduisant les Géorgiens à la victoire.

La joie fut grande, mais de courte durée. Le Shah Abbas II (1642-1667) furieux  ordonna au roi Vakhtang V de Kartli (1658-1675) de lui livrer ceux qui avaient provoqué l'insurrection. Certain qu'ils ne recevraient aucune miséricorde du shah, les libérateurs héroïques de Géorgie partirent néanmoins pour la Perse sans se plaindre. Le shah les reçut avec respect et leur donna généreusement des cadeaux, mais exigea ensuite qu'ils renoncent à la foi chrétienne. Ni la corruption ni la flatterie purent briser leur volonté, de sorte que le Shah ordonna à ses serviteurs de les arrêter et de les torturer, de les dépouiller de leurs vêtements, de les jeter, liés, sous un soleil de plomb. Tourmentés par la soif et les piqûres d'insectes, les martyrs furent périodiquement tentés de renier le Christ, mais avec l'aide de Dieu ils résistèrent à toutes les tentations.

Enfin, Salim Khan en colère, le vassal de Shah Abbas, ordonna la décapitation d'Elizbar et Shalva, espérant par cette volonté briser Bidzina. Mais ses efforts furent vains. "Il n'y a rien de plus doux que la mort pour l'amour du Christ!" proclama Bidzina.

Les princes de Ksani baissèrent calmement la tête, mais les bourreaux trop petits ne pouvaient pas atteindre les princes majestueux avec leurs épées. Ainsi, les sbires du shah coupèrent chacun des princes en deux aux tibias, puis les décapitèrent après qu'ils soient réduits à une hauteur accessible pour eux.

Mais même le meurtre de ses compagnons ne fit pas chanceler la volonté de saint Bidzina. Alors les ennemis résolurent de briser sa volonté par la moquerie. Ils drapèrent le prince lié dans un tchador, assis sur un âne, et le firent défiler dans les rues. Puis ils commencèrent à le massacrer vivant. Un par un, ils coupèrent les doigts et les orteils, puis ils lui coupèrent les mains et les pieds, puis ses bras et ses jambes, jusqu'à ce que sa tête seule reste indemne. Il était clair d'après le mouvement de ses lèvres que le saint martyr priait.

Puis l'un des persécuteurs lui perça le cœur avec une lance. Ceci advint en l'an 1661. Les corps mutilés des saints martyrs restèrent é découvert une journée, et personne ne fut autorisé à se rendre auprès d'eux. Pendant la nuit, ils furent éclairés par une lumière brillante.

Ensuite, un groupe de chrétiens enterrèrent secrètement les restes des saints. Quelques années plus tard l'épouse de saint Shalva, Kétévan et son fils David envoyèrent plusieurs fidèles en Perse pour ramener leurs reliques. Des foules de croyants se rassemblèrent à la frontière de Kartli pour accueillir les saintes reliques et les accompagner avec des chants de joie à leur dernière demeure à l'église des Archanges d'Ikorta.

Ô saints Bidzina, Shalva, et Elizbar, revêtus de vertus divines, béni soit le sol qui fut saturé par votre sang et bénies les tombes qui reçurent vos corps précieux. Vous avez mis en déroute l'ennemi sur le champ de bataille et courageusement prêché le Christ notre Dieu. Suppliez l'Ami  des hommes d'avoir pitié de nos âmes!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lives of the Georgian Saints
de
l'Archiprêtre Zakaria Machitadze
in

[1] Le gouverneur perse de Kakhétie, Salim Khan (1656-1664), avait encouragé les tribus tatares à profaner les églises chrétiennes.

[2] Fête de saint Joseph d'Alavardi

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