Biographies des héros spirituels de la terre de Géorgie, moniales, moines, ascètes, martyrs, clercs ou laïcs qui ont fait briller sur elle la Lumière du Christ!

samedi 16 janvier 2021

Saint Euthyme Taquaichvili, "l'Homme de Dieu" ( +1953)




Saint Euthyme 3/16 janvier

Saint Euthyme  (Ekvtime Taqaichvili, appelé "l'homme de Dieu", est né le 3 janvier 1863, dans le village de Likhauri, dans le district Ozourgeti de Gouria, dans la noble famille de Syméon (Svimeon) Taqaishvili et Gituli Nakashidzé. Il devint orphelin à un jeune âge et futélevé par son oncle.


Dès la petite enfance saint Euthyme fit preuve d'une grande passion pour l'apprentissage. Après avoir terminé ses études au lycée du village, il s'inscrivit à l'école secondaire classique de Kutaisi. En 1883, il obtint une médaille d'argent et déménagea à Saint- Pétersbourg pour poursuivre ses études dans le département d'histoire et de philologie à l'Université de Saint-Pétersbourg. En 1887, après avoir terminé avec succès ses études et obtenu un diplôme en histoire, saint Euthyme retourna en Géorgie et commença à travailler dans le domaine universitaire. Sa foi profonde et son amour pour Dieu et sa patrie détermina chacun de ses pas tous dans ce métier exigeant et admirable.



En 1895 Euthyme épousa Nino Poltoratskaya, fille du célèbre avocat de Tbilissi Ivan Poltoratsky, qui était lui-même beau-frère et ami proche de saint Elie Tchavtchavadzé le Juste. Dès le début de sa carrière, saint- Euthyme commença à recueillir des matériaux historiques et archéologiques et ethnographiques de toute la Géorgie. Sa sphère d'intérêts académiques était large, comprenant l'historiographie, l'archéologie, l'ethnographie, l'épigraphie, la numismatique, la philologie, le folklore, la linguistique et l'histoire de l'art. Par-dessus tout, saint Euthyme s'efforça d'en apprendre davantage sur l'histoire  et la culture de la Géorgie en appliquant les théories et les méthodes de ces différentes disciplines pour son travail.



En 1889, saint Euthyme créa le Musée de  l'Exarchat de la Géorgie, dans lequel furent conservés les manuscrits anciens, les objets sacrés, des livres de théologie, et des copies de nombreuses fresques importantes qui avaient été retirées des églises anciennes. Ce musée joua un rôle majeur dans la redécouverte de l'histoire de l'Eglise géorgienne.



En 1907, saint Euthyme fonda la Société d'histoire et d'ethnographie de Géorgie. Parmi les nombreuses expéditions organisées par cette société, le voyage à travers la Géorgie musulmane (au sud-ouest) fut l'un des plus significatifs. Ayant été témoin de la suite de l'isolement forcé et l'islamisation de la région, Saint Euthyme et ses compagnons de pèlerinage acquirent un plus grand amour pour la foi de leurs ancêtres et devinrent plus fermement établis dans leur identité nationale. Bien qu'ils ne parlassent plus la langue géorgienne, les habitants de cette région reçurent le vénérable Euthyme avec un grand respect, ayant senti par son accueil et sa gentillesse qu'il venait de leur lointaine patrie.



Il n'y eut pas un seul mouvement patriotique, social ou culturel en Géorgie au cours du premier trimestre du 20ème siècle auquel saint Euthyme n'ait pas participé activement. Parmi ses autres réalisations importantes, il fut l'un des neuf professeurs qui fondèrent l'université de Tbilissi en 1918. Saint Euthyme défendit aussi vigoureusement la restauration de l'autocéphalie de l'Église orthodoxe géorgienne.



Le 11 Mars 1921, le gouvernement géorgien partit  en exil en France. Les archives gouvernementales et les trésors spirituels et culturels de la nation furent également emportées en  France pour les protéger contre le danger bolchevique. Saint Euthyme était personnellement chargé de mettre les trésors en sécurité, et lui et sa femme les accompagnèrent dans leur fuite vers la France. Saint Euthyme supporta les difficultés de la vie d'un émigrant et les horreurs de la Seconde Guerre mondiale avec héroïsme, tandis qu'il résista hardiment aux assauts de chercheurs et des collectionneurs européens et américains et aux revendications des autres émigrés géorgiens concernant leurs «souvenirs de famille».



En 1931, l'épouse de saint Euthyme, Nino, sa fidèle amie et compagne, mourut de faim. Le veuf âgé lui-même s'approcha souvent au bord de la mort par la faim, le froid et le stress, mais il ne faiblit jamais dans son devoir devant Dieu et sa Patrie-il protégea fidèlement les trésors de sa nation.



Les périls furent grands pour saint- Euthyme et les trésors qu'il protégeait: les musées britanniques et américains cherchèrent à acheter les objets nationaux géorgiens, une certaine Salomé Dadiani, veuve du comte Okholevsky, se déclara l'unique héritière du trésor national géorgien; au cours de la Seconde Guerre mondiale les nazis fouillèrent l'appartement de saint Euthyme, et même le gouvernement français revendiqua la propriété des trésors géorgiens.




Enfin, la victoire soviétique sur l'Allemagne fasciste créa des conditions favorables pour le retour des trésors nationaux à la Géorgie. Selon un accord entre Staline et de Gaulle, les trésors et leurs protecteurs fidèles furent chargés sur un avion de guerre américain et rapatriés dans leur patrie le 11 Avril, 1945. Quand il descendit finalement de l'avion et mit le pied sur le sol géorgien, saint Euthyme s'inclina profondément et baisa la terre où il se trouvait. La Géorgie accueillit son fils perdu depuis longtemps avec beaucoup d'honneur. Le peuple comblé. accueillit saint Euthyme avec soin et attention, restaura son poste de professeur universitaire, et le reconnut comme membre actif de l'Académie des sciences. Il guérit les blessures qui avaient été infligées à son cœur.

Epuisé par la séparation d'avec sa mère patrie et les malheurs de l'émigration, saint Euthyme rejoignit la société avec ses dernières forces. Mais l'Ennemi de l'humanité devint jaloux de la victoire du bien sur le mal et se leva contre l'esprit inébranlable d'Euthyme. En 1951, les tchékistes arrêtèrent sa belle-fille, Lydia Poltoratskaya. Saint Euthyme, qui à cette époque était gravement malade, fut alorst laissé sans son aide. En 1952, sans aucune explication raisonnable, il fut interdit à saint Euthyme de donner des cours à l'université qu'il avait lui-même contribué à fonder, et il fut secrètement placé en résidence surveillée. Les personnes qui l'avaient pieusement accueilli à son retour, tremblaient maintenant dans la crainte de la persécution et de la mort imminente. Beaucoup essayèrent de lui rendre visite et de soutenir saint Euthyme, mais cela leur fut interdit. Le 21 Février 1953, saint Euthyme mourut d'une crise cardiaque, et trois jours plus tard, un groupe d'une quarantaine de personnes en deuil accompagnèrent le prince vertueux à son lieu de repos éternel.

Le 10 février 1963, pour le centenaire de la naissance de saint Euthyme, son corps fut inhumé au Panthéon Didube à Tbilissi. Quand sa tombe fut découverte, il fut révélé que non seulement son corps, mais même ses vêtements et de chaussures étaient restés intacts. Les reliques de saint Euthyme furent déplacées une fois de plus, au Panthéon, à l'église de Saint- Davit des Gareji à Mtatsminda, où elles reposent actuellement.

Le corps de Nino Poltoratskaya-Taqaichvili fut rapatrié de Leville (France) et enterré à côté de saint Euthyme le 22 février 1987.

Le Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe Apostolique de Géorgie glorifia saint- Euthyme le 17 octobre 2002, et  le proclama joyeusement "homme de Dieu".


Ô saint Homme de Dieu Euthyme, 
qui préserva les trésors culturels 
et spirituels de la nation géorgienne 
avec la plus grande dévotion 
et qui devint une icône de l'amour, 
prie Dieu, Qui est Amour, 
d'avoir pitié de nos âmes!

Version française de Claude Lopez-Ginisty 
d'après Archpriest Zakaria Machitadze 
Lives of the Georgian Saints  
Saint Herman of Alaska Brotherhood
Platina, California, USA/2006

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